Partir
J'ouvre cette page comme une thérapie avec moi pour dénouer tous les noeuds qui lient ces pensées que j'abandonne dans ma tête. Je ne peux plus simplement penser les choses mais il me faut les écrire. J'ai besoin de prendre du recul sur ces années passées à accumuler et perdre mes pensées.
Je m'apprête à immigrer. Je m'apprête à quitter tous mes repères et à m'en construire des nouveaux.
Comme ma mère, je quitte mon pays à l'âge de 26 ans, mais mon exprérience n'est pas encore teintée de la souffrance qu'elle semblait y projeter lorsque je lui ai annoncé la nouvelle. Ma mère a vécu l'immigration comme une déchirure extrêmement violente. Chaque jour, chaque mois, chaque année, elle pensait au jour où elle pourrait rentrer chez elle. Aujourd'hui près de 25 ans plus, elle n'y croit même plus. Il ne reste que le souvenir de cette souffrance à l'idée de retourner au pays pauvre et honteuse de n'avoir pas connu la richesse à l'étranger comme tout le monde. C'est la honte qui l'a retenue ici.
Je ne sais pas comment lier la peur extrême de partir à cette tristesse projetée en moi. Cette tristesse que j'ai subie enfant.
Je ne suis pas triste de partir, je ne cherche pas à faire fortune là où je pars, je ne ressentirais aucune honte à rentrer chez moi les poches vides.
Dominique A - Gisor
